Sigismond LOSSERAND

Sigismond Losserand est né en Haute-Savoie, dans la commune de Seythenex le 5 décembre 1845. Il était le fils naturel de Marie Rose Losserand-Madoux et devint orphelin à l'âge de 9 ans.

 

D'abord berger, avant de devenir colporteur, comme beaucoup de petits savoyards de son époque, il part à Nancy, puis ensuite à Metz, où il devint tailleur de limes. Selon d'autres sources, il aurait travaillé à 14 ans comme ouvrier à Saint-Etienne, puis à Nancy.

La période de son service militaire et la guerre de 1870 constitueraient une étape importante de sa vie, car suivant plusieurs récits, c'est à cette époque qu'il aurait appris à lire et à écrire, se formant ainsi en autodidacte. De plus, il aurait acquis une certaine formation musicale, dans le cadre de son instruction militaire, suivant une allusion qu'il aurait faite lors de son séjour à l'école de gymnastique de Joinville-le-Pont.

 

Ce qui est certain, c'est qu'il épouse Elisabeth Ballion, en 1875, à Canéjan en Gironde et quitte quelque trois ans plus tard ce département pour s'installer 24, rue Saint-Symphorien à Tours. Pratiquement, dès son installation, ce tailleur de limes crée une société coopérative et en quelques années, il devient un organisateur de premier plan du syndicalisme et du mouvement socialiste tourangeau.

 

Le journal "L'Indépendant" précise qu'il travaille comme "limier" pour 4,50 F par jour à la fabrique de limes de Portillon.

 

 

Son premier enfant : Henri est né le 24 avril 1880 et le second, prénommé Jean le 8 octobre 1883. Le père les présente devant Jules Charpentier, adjoint au maire, le premier ayant pour témoin Gatien Coudelou et Charles Wernez, tous deux tailleurs de limes et le second Théodore Sergent également tailleur de limes et Louis Houver employé de chemin de fer.

 

Dès 1882 Losserand est conseiller municipal de Tours, il le restera jusqu'en mai 1888. (de Jules Grévy à Sadi-Carnot).Pendant cette période il déménagea pour habiter 47 rue Thiers. Son épouse meurt à 30 ans, et il est probable que ce changement de domicile intervienne après cet événement.

 

Syndicaliste actif, il participa aux congrès de la Fédération Nationale des Travailleurs Socialistes de France, et fut le délégué du groupe "La Sentinelle de Tours", au congrès de cette Fédération à Charleville en 1887.

 

Malade, affaibli et ayant perdu les siens il eut, de plus, la douleur de connaître la dislocation de son œuvre, avant de mourir le 14 novembre 1888, à 5 heures du soir. Il fut enterré civilement le 17.

 

Le 9 août 1901, suite à plusieurs démarches d’associations d’ouvriers, une délibération du conseil municipal lui donna son nom actuel, après que M Pic-Paris, maire de Tours, fit préparer une notice biographique de Sigismond Losserand pour faire admettre ce nouveau nom. Cette dernière appellation fut confirmée par le décret du Président de la République en date du 17 janvier 1902.

 

C'est ainsi que la rue Saint-Symphorien, ainsi dénommée depuis à l’arrêté municipal du 5 mars 1844, devint la rue Losserand.

 

Si vous êtes intéressé par le personnage, sachez qu'il existe un ouvrage auquel vous pouvez vous référer : Papp J., L'éveil du socialisme à Tours, Sigismond Losserand 1882-1888, Presses Universitaires François Rabelais, Tours, 2000.

 

 Autres sources :

- Pierre LEVEEL, "Histoire de la Touraine", Presses Universitaires de France.

- Jean MAITRON "Dictionnaire du mouvement ouvrier français", Les Editions ouvrières, 1974 (Troisième partie.)

- Maurice DOMMANGET , "La Chevalerie française du travail", Edition Rencontre Lausanne.

et les journaux :

"L’Indépendant d’Indre-et-Loire "du 27juillet 1882,

"Journal d'Indre-et-Loire" du 6 mai 1884,10 mai 1884 et des 3-4 juin 1888.

"Le Travail " du 5 juillet 1885 et des 3 et 10 janvier i886.

"Electeur d'Indre-et-Loire" du 27 octobre 1887 et des 19-20 février et 18-19 novembre 1888.