Raoul-Marcel BERTHON
Né dans le quartier en 1902, tourneur sur métaux, conseiller municipal. Il fut pendant 27 ans l’animateur du premier Comité Paut-Bert.
Interrogé par des étudiants dans les années 80 du siècle dernier, il décrit les moments situés autour de la Libération :
« Je suis responsable du Comité du Quartier Paul-Bert depuis 1930 et j’ai créé, tout d’abord, dès l’été 44, avec un ami, un comité de Libération qui réunissait des gens susceptibles d’apporter leur concours et leur aide pendant cette période difficile, en prenant bien soin de réunir toutes les opinions philosophiques et religieuses.
J’ai d’abord rencontré le docteur Desborde, qui était médecin de ma famille et un ami, et je lui ai demandé d’en prendre la responsabilité. Il fallait quelqu‘un qui ait une certaine influence et qui soit très connu (...) Il a donc pris la présidence. Et pendant trois semaines, ce comité a beaucoup travaillé parce que nous étions coupés de tout, plus de tickets d’alimentation, plus rien (...) Ce comité de Libération a donc fonctionné pendant trois semaines, le temps que la circulation soit rétablie sur le pont Napoléon.
Après dissolution, j’ai pu constater que quelque chose d’inimaginable était né de ce Comité de Libération, il avait resserré des liens entre bien des individus qui, souvent, n‘avaient pas de contact entre eux.
Le Comité des Fêtes du quartier dont j’étais le président a repris ses activités et quelques jeunes gens qui avaient entendu parler de la Commune Libre de Montmartre ont voulu monter absolument une Commune Libre de Paul-Bert. Comme nous étions catalogués, à Tours, comme des gens un peu libres, cela ne pas étonné. On nous considérait comme des gens un peu à part. D ‘ailleurs, ce quartier était un faubourg essentiellement ouvrier. Il y avait la manufacture de soierie qui existe encore mais qui n‘avait plus malheureusement beaucoup d’activité Il y a eu, je crois, jusqu‘à 250 ouvriers à la manufacture. C’était très important pour un quartier comme Paul-Bert. D‘ailleurs tous mes parents, mes tantes, ma grand-mère et mes sœurs y travaillaient.
Et on a donc monté cette fameuse Commune Libre de Paul-Bert parallèlement au Comité des Fêtes. Nous ne voulions pas que cela se confonde. Mais lorsque nous organisions des fêtes, la Commune Libre de Paul-Bert, naturellement, était avec nous. Pendant des années, à chaque fête, elle nous faisait ses... « démonstrations » (...) C‘est de là que fut connue la Commune Libre de Paul-Bert. Elle était connue dans tout le département et on la demandait partout. Alors ils se débrouillaient.
J‘étais président d’honneur et Paul Graffin était le président actif et ça marchait très bien. Ça a marché sept ou huit ans. Et puis, comme toutes ces choses-là après la Libération, il y a eu une désaffection et ça a fini en queue de poisson. »
Source :
Gérard Lecha, Le petit Montmartre tourangeau, pages 58,59. Logiques sociales, l'Harmattan.