Lucien VENISSE et Jacques LAURENT
Dans la nuit du 15 août 1944, Laurent Jacques et Venisse Lucien sont abattus par les Allemands dans les caves de l’Ecole Normale d’Institutrices, 29 rue du Nouveau-Calvaire.
Jacques Laurent, membre du B.O.A. (Bureau des Opérations Aériennes), avait 24 ans et était sergent aviateur. Lucien Venisse, habitait 82 boulevard de Champigny à Saint-Maur-des-Fossés*, avait également 24 ans et faisait ses études de médecine.
Pour le compte du B.O.A., tous les deux avaient pour mission de rechercher des terrains propices aux parachutages. En juillet 1944, l’avance alliée se rapproche de la Touraine et le noyau actif du CDL est en liaison aussi régulière que possible avec les maquis. Mais fin juillet, la liaison avec Paris et Londres est coupée. C’est en tentant de prendre contact avec l’état-major allié, que ces deux isolés du réseau Ecarlate sont arrêtés pour détention d’armes et d’un poste émetteur.
Ils seront enterrés au champ de tir du Menneton, rive droite du Cher à Tours et leurs cadavres découvert le 2 septembre 1944.
En 1954 Mme Dulière, ancienne concierge de l’Ecole Normale de Filles raconte ses tragiques souvenirs : "Le 14 août 1944, vers 21h30, deux soldats allemands armés de mitraillettes se présentent à ma loge. Ils encadrent deux jeunes gars, deux beaux gars solides ; ils cherchent la Feldgendarmerie. Celle-ci est repliée à Tours. Les soldats chargent dans leur voiture les deux prisonniers et partent.
"A 23 heures, un feldgendarme que je connaissais - il avait vécu ici avant leur repli - vient me demander la clé de la cave-abri située près de l’école et m’intime l’ordre de ne pas bouger. Quelques instants se passent. Deux détonations claquent. Le feldgendarme ramène la clé de la cave. Par la fenêtre, je vois les Allemands descendre les corps des deux jeunes garçons qui étaient tout à l’heure, là, plein de vie.
"Nous n’avons pas dormi de la nuit. Devant moi, j’avais l’image de ces deux hommes. Le 15 au matin, mon mari va à la cave et découvre, baignant dans leur sang, affreusement mutilé, et l’un par-dessus l’autre, les deux corps suppliciés. Un peu plus tard, les Allemands sont venus chercher leurs victimes, les chargeant dans un sac.
"Après la Libération, nous apprendrons ce qu’ils en firent : Deux hommes jardinant près du Menneton, virent ce 15 août, les Allemands enterrer quelque chose. Une nuit ils revinrent gratter la terre et trouvèrent les corps. Ils en firent eux aussi la déclaration au Commissariat de police et ainsi fut retrouvée la trace des deux résistants assassinés."
* Précision apportée par Joëlle Conan, cadre territorial à la mairie de Saint-Maur-des-Fossés, en charge de la "Mémoire et du patrimoine".
Sources :
- A D Indre et Loire Fonds Vivier 9F Fichier Fusilllés, Laurent Jacques Dossier Ministère des Anciens Combattants F 123012. Venisse Lucien F 102 080
- Journal " La voix du peuple " N° 679 du 14 août 1954.