Paul-Bert devient Tours-Nord

Le 30 avril 1964, la ville de Tours fusionnait avec les communes de Sainte-Radegonde et de Saint-Symphorien.

A la suite de cette fusion les terres agricoles de Saint-Symphorien et de Sainte-Radegonde se transforment en zones urbaines et le quartier Paul-Bert qui était isolé au nord de la ville, devient pratiquement central après ce regroupement.

Ce jour-là, le conseil municipal de Sainte-Radegonde-en-Touraine, par quatorze voies contre deux, vient de voter le rattachement de sa commune à la ville de Tours. Le maire, Jean Le Reste, se veut rassurant: personnel de mairie, état civil et aides sociales seront maintenus à Sainte-Radegonde. Puis vient le tour de Saint-Symphorien. Le 8 mai, une réunion publique est organisée. Jean Royer, député-maire de Tours et initiateur du projet de fusion, veut faire de Tours la "capitale" d'Indre-et-Loire. "La ville était coincée entre la Loire et le Cher, explique aujourd'hui Jean Lafage, alors conseiller municipal tourangeau, À Saint-Symphorien, il y avait des hectares et des hectares de terrain disponibles"

Dans les années 60, Tours a l'une des densités urbaines les plus élevées de France et sa population augmente plus vite que la moyenne nationale. Il lui faut plus d'espace.

A Saint-Symphorien, Michel Montaubin, investi dans la vie associative de cette commune, s'oppose au projet : "C’est  une question d'identité. On a notre club de foot, nos pompiers, nos écoles. Il faut consulter davantage la population, organiser un référendum. Tout cela va trop vite!" Effectivement, mis à part quelques tracts, peu d'information circule.

Selon le maire de Saint-Symphorien, Louis Jouhanneau, 2.200.000 francs d'emprunts ont été contractés par la mairie. Mais dans ces cités-dortoirs où les industries et commerces sont rares, les taxes locales sont faibles. Saint-Symphorien ne peut s'en sortir seule. Le 9 mai, le conseil municipal vote la fusion à 12 voix contre 6.

Celui de Tours accepte le rattachement le 19 mai, à l'unanimité. Une cérémonie est organisée à l'hôtel de ville tourangeau, où les trois maires signent le protocole de fusion. Celle-ci prend effet quelques jours plus tard, le 1er juin 1964.

Cependant Jean Royer en veut davantage, il souhaite absorber Saint-Cyr-sur-Loire. La commune est en pleine crise municipale: 16 conseillers ont démissionné. Le maire de Tours saisit l'occasion d'élections complémentaires pour monter une liste électorale avec un seul programme: la fusion. En face, les démissionnaires défendent l'autonomie. Parmi eux, Pierre Mestat, 100 ans cette année. "Saint-Cyr, c'était notre clocher. Et puis ce n'était pas le bon moment", se souvient-il. D'autant plus que Saint-Cyr ne connaît pas les mêmes difficultés que Saint-Symphorien et Sainte-Radegonde. "Jean Royer a perdu, se réjouit-t-il encore. Saint-Cyr était sauvée."

Après la fusion avec Tours, les mairies de Saint-Symphorien et Sainte-Radegonde sont préservées en tant que "mairies annexes". A l'époque, les élus souhaitent garder une certaine indépendance pour défendre leur territoire. En juin 1964, Saint-Symphorien dispose de quatre représentants au sein du conseil municipal de Tours, et Sainte-Radegonde deux. Désormais, seuls les adjoints spéciaux ont gardé un statut à part. Claude Roiron, également conseillère générale, assure ce rôle à Saint-Symphorien et Frédéric Thomas, par ailleurs président du conseil général d'Indre-et-Loire, à Sainte-Radegonde. 

Selon l'arrêté préfectoral du 21 mai 1964, les mairies-annexes doivent répondre aux "questions d'état civil, légalisations, demandes d'aide sociale et renseignement d'ordre général". Aujourd'hui, elles assurent un service de proximité, qui se cantonne principalement à l'état civil (décès, mariages).

Source

La Nouvelle République du 27 avril 2013

Camille Cruz, Gwendal Le Ménahèze et Fanny Ligneau