L'abbaye de Marmoutier

C'est au bord de la Loire, sur la rive nord, à quelques kilomètres en amont de Tours, que Saint Martin s'installe en 372 avec ses disciples dans des grottes creusées dans le coteau.

Cette abbaye devient rapidement très célèbre et très riche : peu après sa création, elle compte déjà 80 moines.

Lorsque Martin devint évêque de Tours, il établit à Marmoutier, des religieux, astreints à ne faire qu'un seul repas par jour de fruits et légumes, sans jamais prendre de vin ni de viande et en ne mangeant du poisson que les plus grands jours de fête. Ces moines habitaient dans des grottes creusées dans le coteau ou des cabanes de branches sur le bord de la Loire.

Sous l’épiscopat de Saint Brice (397/444), elle fut appelée le Grand Monastère.

En 853, l'abbaye fut pillée et détruite par les Normands qui massacrèrent plus de cent religieux. En 860, les chanoines de Saint-Martin de Tours établirent 24 moines dans ce monastère abandonné, mais, à la suite de désordres, ceux-ci furent remplacés en 982 par d'autres moines de Cluny sous l'autorité de l'Abbé Mayeul.

Un peu après l'an 1000, sous l'impulsion de l'Abbé Bernier, l'Abbaye se développa et devint une des plus riches d'Europe. Le 1er mars 1096, le pape Urbain II vint à Marmoutier consacrer la nouvelle église abbatiale.

Les invasions normandes obligèrent l'art médical à se réfugier dans les établissements religieux ; c'est ainsi que l'Abbaye de Marmoutier acquit une grande réputation pour la variété des enseignements dispensés. La formation médicale y tenait un rôle primordial en raison des nombreux malades qui se succédaient dans son infirmerie.

Lors des luttes féodales de la deuxième partie du XIe siècle, Marmoutier fut sérieusement endommagée par le Comte d'Anjou, Geoffroy le Barbu.

Le monastère fut entièrement reconstruit au début du XIIIe siècle par l'Abbé Hugues des Roches. A cette époque, plus de cent Prieurés dépendaient de l'Abbaye. L'église abbatiale fut remplacée en 1214 par une autre basilique terminée seulement à la fin du XIIIe siècle. De cette dernière époque date également la porte de la Crosse qui a subsisté jusqu'à nos jours avec un long mur d'enceinte, flanqué d'une tourelle d'angle.

L'église fut à nouveau pillée par les Protestants en 1562.

En 1739, l'abbaye fut rattachée à l'archevêché de Tours et, à la Révolution, le monastère devint un hôpital militaire.

Enfin elle fut vendue comme bien national en 1799 pendant la Révolution Française, et, une vingtaine d'années plus tard, la plupart des bâtiments, dont l'église et les cellules des moines, furent démolis. Des bâtiments du XIIIesiècle, il ne subsiste que le portail de la Crosse.

Depuis son origine, Marmoutier fut un important centre de culture intellectuelle : on y copiait des manuscrits, on y conservait toutes les connaissances de l'Antiquité. L'histoire était spécialement étudiée et, parmi les plus célèbres ouvrages répertoriés, on peut citer : "La Bible de Moutier-Grandval", "Le Sacramentaire d'Autun",…

Il faut noter aussi quelques Chroniques du Moyen-âge, ainsi que plusieurs histoires de Marmoutier. La plus importante est celle de dom Martène, un bénédictin de la congrégation de Saint-Maur. Ce dernier manuscrit a été publié en 1874 par la Société archéologique de Touraine.

Bénéficiant au cours des siècles du renom de son fondateur, Marmoutier dont la riche histoire, rappelée récemment par Charles Lelong, sut faire à temps les réformes nécessaires et bien gérer ses prieurés et autres biens à travers l’Europe, justifiant ainsi le dicton :

"De quel costé que le vent vente

"Marmoutier a cens et rente"

Depuis environ un siècle, l'abbaye est devenue un établissement d'éducation.

 

Sources : Charles LELONG, "L'Abbaye de Marmoutier", CLD

                 Pierre Leweel,  "La Touraine disparue", C.L.D. 1994.