Histoire du quartier Paul-Bert

1 - dans l'antiquité

 A cette époque, le terroir connut d’abord un peuplement gaulois.

 

Quatre siècles avant notre ère, quelques Turons, venus de la haute vallée du Main(1) s’établissent sur les points élevés y élevant oppidum(2) et villages et plus particulièrement sur le bord sud du plateau, près de l’actuel Saint-Barthélemy, en un lieu appelé "Briga"  (appellation celtique signifiant : village élevé).

 

(1)  Main : Rivière de l’Allemagne passant à Bayreuth et à Francfort, affluent de la rive droite du Rhin.

(2) Oppidum :Lieu fortifié établi sur une hauteur.

 

Ses alentours étaient couverts de forêts qui cernaient quelques cultures. 

 

Avant la conquête romaine, les Turons devaient commercer avec les Grecs, davantage par voie fluviale que par voie terrestre. Le nom d’Altionos en témoigne : ce fut celui d’un castrum de défense établi au droit de l’actuelle église, à cheval sur deux voies dallées gallo-romaines, mais d’abord gauloises.

 

C’est sur la rive gauche de la Loire, vers l’an 25 avant J.-C., que fut crée sous Auguste, Caesarodunum, qui sera en partie détruite en 275 sous Probus, soit trois siècles après sa fondation. L’Empereur Hadrien y serait venu en 119 et 122.

 

Sur la rive droite, les deux communes voisines de Saint-Cyr et de Saint-Symphorien ont des noms qui rappellent deux martyrs : Saint Cyr, fils de Sainte Julitte, martyr à 2 ans 1/2 en Asie Mineure et Saint Symphorien martyr à 13 ans sous Dioclétien(3) pour avoir défendu la Cabale orthodoxe traditionnelle, issue du génie celtique, contre la Cabale(4) païenne et étrangère.

 

(3) Dioclétien :Diocletianus en latin (245-313) Empereur romain de 284 à 305.Il s’associa en 286 avec Maximilien et lui confia l’Occident tandis qu’il gardait l’Orient. En 293, pour mieux défendre l’Empire, Dioclétien entreprit une vaste réforme administrative (regroupement des provinces en diocèses), militaire, judiciaire et monétaire. Il persécuta les chrétiens à partir de 305 et se retira près de Salone.

(4) Cabale :Science occulte tendant à la communication avec le monde surnaturel.

 

La romanisation développa la vie avec l’édification de riches villas gallo-romaines, le déboisement accentué et la culture de la vigne s’étalant sur tout le coteau si bien exposé au Sud. L’hydromel et la cervoise, délaissés pour le vin, ne laissèrent aucun regret aux amateurs de vérités latines et de joyeuses libations : in "vino veritas".

 

Puis, de ce qui fut appelé plus tard le "bon coteau", l'implantation humaine se déplaça du nord au sud, vers le fleuve pour créer une bourgade et un castrum de défense, situés au nord de l'église actuelle.

 

Des communications routières se développèrent. Les voies venant d'Angers, Chartres, Blois convergeaient en une seule descente vers la Loire (l’actuelle rue Saint-Barthélemy) et une artère était parallèle, en bordure du fleuve (l’actuelle rue Losserand).

 

L’intensité de la vie de ce village fluvial se développa le long des voies avec les premières auberges et un petit port devenu plus tard le port de la "Tête noire".

 

Aucun pont n’existait alors entre l’antique Caesarodunum et la rive droite, mais seulement une passerelle flottante faite de troncs d’arbres liés, avec deux passages mobiles pour les bateaux.

 

Les Gaulois, habiles charpentiers et bateliers, furent les promoteurs de cette fragile liaison morcelée par les îles du fleuve.  

Le célèbre Grégoire de Tours, évêque au XVe siècle, mentionne l'existence de cet antique pont flottant, perfectionné ensuite avec des radeaux plus solides, juxtaposés, côte à côte, là où se trouve l'actuelle passerelle de Saint-Symphorien. Inutile de dire que les catastrophiques crues d’hiver de ces temps-là se chargeaient de détruire ce pont flottant.

 

La batellerie de Loire des Gaulois précéda l’arrivée des légions latines de César, lequel reconnut et utilisa habilement l’aptitude de construction batelière des dits Gaulois. 

 

Le long de la Loire et sur le coteau s’étalaient d’importants domaines ; on les qualifiait de “fundi” (étymologie de Fondettes). Dans une de ces grandes propriétés, "Boisdenier", on a retrouvé les vestiges de la villa romaine « Bauciacus » à Groison, avec hypocauste(5).

 

(5) Hypocauste : Système de chauffage à air chaud installé dans le sol et le sous-sol de certaines constructions romaines, notamment les thermes.

 

Avec la latinisation vint plus tard le christianisme avec ses martyrs de la foi ; l’un d’eux, Symphorien, décapité en 287, à l'âge de 13 ans, nous a laissé son nom.

 

Si, vers 260, Galien vint prêcher l’évangile à Tours et si Lidoire, en 340, bâtit une église qui fut l’origine de Notre-Dame La Riche, l’évangélisation de la Touraine date de Martin. Elu évêque de Tours vers 375, il construisit la première cathédrale, dédiée à Saint-Maurice, puis fonda le monastère de Marmoutier.

 

Après sa mort à Candes, vers 397, son cadavre, volé par les Tourangeaux, fut inhumé dans le cimetière public, près de la voie romaine de Chinon, à l’ouest de Caesarodunum. Brice, son successeur, éleva une petite chapelle sur son tombeau et, vers 470, Perpétue fit construire, faubourg Saint-Symphorien, une église qui devint la basilique Saint-Martin. Cet édifice reçut progressivement des pèlerins.

Jusqu’au Ve siècle de notre ère, la vie dans le faubourg Saint-Symphorien fut semble-t-il paisible et relativement heureuse au cours de la Pax Romana avant de connaître les douloureuses péripéties des époques qui vont suivre.